mercredi 20 mai 2020

Encore deux contes à lire en famille proposés par Cécile Robin, conteuse

Le voleur de hache

Un paysan, qui avait du bois à fendre, ne parvenait plus à mettre la main sur sa cognée. Il arpentait de long en large sa cour, allait jeter un oeil furibond du côté du billot, de la remise, de la grange. Rien à faire, elle avait disparu, sans doute volée ! Une hache toute neuve qu’il avait acheté avec ses dernière économies !

La colère, cette courte folie, débordait de son coeur et teintait son esprit d’une encre aussi noire que la suie.
Il vit alors arriver sur le chemin son voisin. Il lui trouva la démarche de quelqu’un qui n’avait pas la conscience tranquille. Son visage laissait transpirer une expression de gêne comme le ferait celui du coupable face à sa victime. Son salut était empreint d’une fourberie de voleur de hache. Et quand l’autre ouvrit la bouche pour lui débiter les banalités météorologiques d’usage entre voisins, sa voix était assurément celle d’un voleur de hache flambant neuve !
N’y tenant plus, notre paysan franchit son porche à grandes enjambées pour aller dire son fait à ce maraudeur qui avait l’audace de venir le narguer ! Mais il se prit les pieds dans une brassée de branches mortes qui gisaient au bord du chemin. Il trébucha, s’étranglant avec la bordée d’insultes qu’il destinait à son voisin, et il s’étala le nez contre le manche de sa cognée qui avait dû tomber tout à l’heure de sa carriole !


Pascal Fauliot, Contes des sages taoïstes






La grenouille et le scorpion

Sur les bords d’un marigot, il y avait un scorpion qui désirait passer de l’autre côté. Il s’adressa alors à une grenouille:-
- S’il te plaît, lui dit-il, prends-moi sur ton dos et aide-moi à traverser !
- Mais tu es fou, répliqua la grenouille. Si je te prends sur mon dos, tu vas me piquer, et je vais mourir !
- Ne sois pas stupide, répondit le scorpion. Quel intérêt aurais-je à te piquer? Si je te pique, tu coules, et je meurs moi aussi puisque je ne sais pas nager…
Finalement, à force de palabres, la grenouille se laissa convaincre, et elle entama la traversée du marigot avec le scorpion sur son dos.
Mais, au milieu du fleuve, la grenouille sentit la brûlure d’une piqûre et le poison engourdir ses membres.
- Tu vois, cria-t-elle, tu m’as piquée et je vais mourir!
- Je sais, répondit le scorpion. Je suis désolé... mais on n’échappe pas à sa nature.
Et il disparut lui aussi dans les eaux boueuses.


Histoire africaine.

Michel Piquemal. les philos-fables

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